- SPOILER ALERT -
Abeille, la fille de Fitz, a été
enlevée par les Serviteurs. Les membres de cette société secrète utilisent
leurs rêves pour mettre en œuvre des prophéties qui les rendront plus riches et
plus puissants. Mais Abeille est-elle aussi cruciale à leur destin qu’ils le
pensent ? Si ses ravisseurs imaginaient leur mission
facilement accomplie, c’était sans compter la rage déployée par la digne fille
du seigneur de Flétribois pour leur échapper.
Fitz et le Fou, qui la croient perdue à jamais, décident de
se lancer dans une mission de vengeance qui doit les emmener dans l’île
lointaine où vivent les Serviteurs – lieu que le Fou a d’abord appelé foyer
avant d’y subir les pires sévices. Il a pourtant juré de ne jamais revenir à
cet enfer duquel il s’est échappé. Mais malgré toutes ses blessures, il n’est
pas sans défense. Et si Fitz n’est plus l’assassin sans faille de sa jeunesse,
il vaut mieux ne pas le trouver en travers de son chemin.
Leur but est simple : tout faire pour que plus un seul
Serviteur ne survive.
Nous allons parler ici du troisième tome de la saga Le Fou et l’Assassin, qui est aussi le
neuvième tome de L’Assassin Royal et le quinzième de toute la saga. Je vous
invite donc à lire mon article ici si vous n’avez pas lu les autres sagas de
Fitz et du Fou et à ne rester que si vous êtes à jour sur la série. N’hésitez
pas à cliquer sur le lien si vous voulez découvrir Robin Hobb (et vous avez
envie, promis)
Sur les rives de l’Art reprend
donc là où le précédent tome nous avait laissé∙e∙s : Fitz, le Fou et leurs
compagnons de route arrivent auprès des Anciens rencontrés dans Les Cités des
Anciens, nous faisant retrouver quelques têtes connues, bien que ces dernières
n’aient pas été nommées. Et pour cause, si nous les connaissons bien, ce n’est
pas le cas de Fitz qui les rencontre alors, nous permettant de voir à travers ses
yeux l’évolution de la société des « nouveaux Anciens » et ce qu’ils
sont devenus après tant d’années. Ce tome annonçait donc un merveilleux
carambolage entre les sagas de Robin Hobb, permettant enfin de lier tous ces
destins qui semblaient avoir tant en commun sans que nous puissions mettre le
doigt dessus. Si cela commence par mettre l’Art de Fitz au service des Anciens,
montrant définitivement que cette magie est liée aux Dragons, Les Aventuriers
de la Mer viennent ici aussi s’impliquer dans la quête de nos héros, permettant
ainsi de retrouver d’autres personnages connus des lecteurs et lectrices. Et c’est
fait avec tant de subtilité, sans nous noyer sous les informations, sans ressembler
à une liste informe et impersonnelle. Non, chaque personnage ayant marqué les
sagas qui apparaitra dans ce tome sera impliqué∙e dans l’intrigue, et on ne
peut qu’espérer que la seconde partie du roman offrira une parfaite conclusion
à chacune d’entre elles.
Car on ne peut que penser à une
conclusion en lisant Le Fou et l’Assassin : Fitz a plus de soixante ans,
le Fou est brisé et, pour la première fois, notre héros partage son point de
vue avec sa fille, Abeille. Si j’ai tiqué en découvrant qu’Abeille empruntait
parfois la première personne auparavant réservée à son père, je me suis vite
rendue compte qu’elle était merveilleuse, terriblement attachante et agréable à
suivre, me rappelant le jeune Fitz du tout début. Là où il découvrait tout à la
fois le Vif et l’Art, Abeille doit survivre avec son Art particulier et ses
rêves prémonitoires. Très vite, elle a réussi à gagner sa place dans mon cœur et
à me faire autant apprécier les chapitres où je la suivais que ceux où je suivais
son père. L’histoire est d’ailleurs très bien construite, car (presque) toutes
les questions qu’Abeille se pose trouvent leurs réponses dans les chapitres du
point de vue de Fitz, données par le Fou. Mais elle n’est pas seule, car son
pouvoir semble avoir créé une sorte passerelle par laquelle son Père Loup lui
parle… un Loup dont la voix ne peut sembler que familière aux lecteurs et lectrices
des sagas précédentes. Mais même s’il est grisant de découvrir toutes ces
réponses, de voir se tisser tous ces liens… une partie de moi ne peut qu’avoir
le cœur serré en voyant la fin approcher. J’ai attendu ces réponses pendant des
années mais maintenant qu’elles vont m’être données, je ne dirais pas non à
quelques tomes de plus ! Même si j’ose espérer que je continuerais à voyager
quelques temps avec Abeille…
Concernant l’histoire en elle-même,
elle continue doucement à se mettre en place pour un final qui, je pense, ne
laissera personne indemne. Si Fitz et le Fou continuent à penser Abeille morte
et à vouloir mettre fin aux agissements des Serviteurs et assouvir leur
vengeance, Abeille doit survivre à son périple à leurs côtés, sûre de devoir se
débrouiller seule auprès de ces fanatiques. Il est terrifiant de voir un Fitz
que rien ne raccroche à la vie planifier sa vengeance, en pensant le voir se précipiter
vers la mort à chaque page alors que nous, nous savons que sa fille l’attend. La
souffrance du Fou est tout aussi intolérable et la lenteur de sa guérison me
brise le cœur, même si c’est plutôt Ambre qui prend les rênes dans ce tome. Ce
serait un euphémisme de dire que je préfère le Fou à Ambre, son alter-ego féminin
plutôt égoïste, mais je dois admettre que la retrouver auprès de ses camarades
des Aventuriers de la Mer fut un réel plaisir. Or, quand j’ai compris que Robin
Hobb nous amenait vers un tel carambolage de personnages, je n’ai attendu qu’une
chose : que la route de Fitz croise celle de Parangon (vous savez pourquoi !).
Mais je ne dirais rien à ce sujet non-non-non. Pourtant, malgré toutes ces
merveilleuses péripéties qui ne font que prouver la profondeur de la saga, toute
cette première partie avance très lentement au niveau de l’action du côté de
Fitz : il est plutôt question de préparer un plan et d’établir des
alliances. C’est du côté d’Abeille que tout bouge, car l’enfant débrouillarde
rend la vie difficile à ses ravisseurs. Entre ses tentatives d’évasions, ses
plans ingénieux, son Art et ses rêves, les chapitres du point de vue de la
jeune fille sont haletants et mettent les nerfs à rude épreuve. D’autant que « la
fin du tome », ou du moins le découpage choisi par l’éditeur, nous promet
un final épique des deux côtés, même si je pense que je ne serai jamais suffisamment
prête pour le découvrir.
Encore une fois, Robin Hobb m’a
transportée avec un tome à la hauteur des précédents, peut-être même encore
plus agréable à lire grâce à toutes les références aux Aventuriers de la Mer et
aux Cités des Anciens qui ont comblée la fan que je suis. S’il devient de plus
en plus évident que nous approchons de la fin et d’une conclusion très
attendue, elle sera probablement tout aussi difficile à lire, émotionnellement.
J’ai adoré ce tome et les réponses qu’il apporte, j’ai adoré voir le personnage
d’Abeille grandir et s’affirmer, j’ai adoré Fitz et le Fou et vous les adorerez
tout autant que moi ! Rendez-vous début 2018 pour une chronique larmoyante
de la fin de la saga !
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