Éditions Libretto
336
pages – 10,00€
Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre
atrocement mutilé d’une prostituée, premier d’une longue série de meurtres aux
résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l’âme abîmée par son passé et au
corps d’obèse, l’inspecteur Ragon n’a pour seule arme contre ces crimes que sa
sagacité et sa gargantuesque culture littéraire.
À la croisée des feuilletons du XIXe siècle et
des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne dans
des Mystères de Paris « steampunk » où le mal le dispute au
pervers, avec parfois l’éclaircie d’un esprit bienveillant... vite ternie.
Si une bibliothèque est une âme de cuir et de papier, Feuillets
de cuivre est sans aucun doute une œuvre d’encre et de sang.
Mon avis :
En
2012, j’avais lu un roman de Fabien Clavel en me promettant d’en
dévorer d’autres. J’avais adoré son style, son humour, l’intelligence de
l’intrigue des Adversaires, sorti dans la regrettée collection Pandore.
Cinq ans plus tard, j’ai découvert Feuillets de cuivre, ayant
complètement oublié qu’il s’agissait du même auteur. Et j’ai à nouveau
été charmée, définitivement happée dès les premières pages par un livre
aussi complexe que facile à lire. Complexe, parce qu’il s’agit d’un
roman à la construction parfaite, pensé à la lettre, saupoudré de
références littéraires réfléchies, un roman qui a dû demander un travail
monstrueux. Et facile, parce qu’il se dévore comme on bingewatche une
bonne série, avide d’arriver à la fin de la saison. Je trouve que c’est
un tour de force d’avoir réussi à écrire un roman tout aussi instructif
et lourd de références que passionnant et agréable à lire.
Au premier abord, Feuillets de cuivre commence comme un recueil de nouvelles. On y suit l’inspecteur Ragon, un homme austère et peu démonstratif doté d’une immense culture littéraire et d’un sens de déduction à toute épreuve. Il résout les enquêtes les plus complexes en s’aidant de sa merveilleuse mémoire des classiques de la littérature, convaincu – à raison ! – que la réponse est toujours dans les livres. À chaque nouvelle enquête, les années passent, les grades changent, Ragon grossit, le lecteur engloutit les pages… jusqu’à ce qu’on nous mette sous le nez que tout est peut-être lié. La deuxième partie du roman s’accélère, s’assombrit, et les livres qui étaient nos alliés depuis le début se font plus dangereux. On ne peut définitivement que penser aux (bonnes) séries policières qui suivent un peu le même schéma : en commençant par montrer une enquête par épisode, puis en faisant apparaitre un fil rouge de plus en plus visible, alors que l’antagoniste du héros se révèle. Le début du roman permet ainsi de découvrir les petites habitudes de Ragon et de son entourage, de s’attacher à lui contre toute attente, d’attendre fébrilement qu’il délivre son savoir et de passer à l’enquête suivante le cœur léger. La deuxième partie est plus sombre, plus centrée sur Ragon et sa solitude... mais je m’en voudrais de trop en révéler !
J’ai l’impression que, dit comme ça, Feuillets de cuivre pourrait apparaitre comme un roman élitiste, comme si les déductions et les connaissances de Ragon et la débauche de références littéraires pouvaient rabaisser le lecteur qui n’en reconnaitrait aucune. Je n’ai pas du tout eu cette impression en n’ayant pas lu la moitié des auteurs cités dans le roman, parce que le tout est fait avec autant de subtilité que d’humilité, à travers un personnage qui n’a que les livres et qui les engloutit pour survivre. Tout est fait avec beaucoup de délicatesse, à tous les niveaux. L’ambiance est habilement teintée de steampunk, le roman est définitivement policier, le fantastique est aussi présent que ténu, la construction est moderne et visuelle. Et bien sûr, l’intrigue est aussi addictive que la plume est agréable, me donnant envie d’attendre un peu moins de cinq ans pour découvrir de nouveaux romans de l’auteur ! En tout cas, celui-ci est excellent et je regrette de ne trouver les mots pour mieux vous le vendre, alors : lisez-le.
Au premier abord, Feuillets de cuivre commence comme un recueil de nouvelles. On y suit l’inspecteur Ragon, un homme austère et peu démonstratif doté d’une immense culture littéraire et d’un sens de déduction à toute épreuve. Il résout les enquêtes les plus complexes en s’aidant de sa merveilleuse mémoire des classiques de la littérature, convaincu – à raison ! – que la réponse est toujours dans les livres. À chaque nouvelle enquête, les années passent, les grades changent, Ragon grossit, le lecteur engloutit les pages… jusqu’à ce qu’on nous mette sous le nez que tout est peut-être lié. La deuxième partie du roman s’accélère, s’assombrit, et les livres qui étaient nos alliés depuis le début se font plus dangereux. On ne peut définitivement que penser aux (bonnes) séries policières qui suivent un peu le même schéma : en commençant par montrer une enquête par épisode, puis en faisant apparaitre un fil rouge de plus en plus visible, alors que l’antagoniste du héros se révèle. Le début du roman permet ainsi de découvrir les petites habitudes de Ragon et de son entourage, de s’attacher à lui contre toute attente, d’attendre fébrilement qu’il délivre son savoir et de passer à l’enquête suivante le cœur léger. La deuxième partie est plus sombre, plus centrée sur Ragon et sa solitude... mais je m’en voudrais de trop en révéler !
J’ai l’impression que, dit comme ça, Feuillets de cuivre pourrait apparaitre comme un roman élitiste, comme si les déductions et les connaissances de Ragon et la débauche de références littéraires pouvaient rabaisser le lecteur qui n’en reconnaitrait aucune. Je n’ai pas du tout eu cette impression en n’ayant pas lu la moitié des auteurs cités dans le roman, parce que le tout est fait avec autant de subtilité que d’humilité, à travers un personnage qui n’a que les livres et qui les engloutit pour survivre. Tout est fait avec beaucoup de délicatesse, à tous les niveaux. L’ambiance est habilement teintée de steampunk, le roman est définitivement policier, le fantastique est aussi présent que ténu, la construction est moderne et visuelle. Et bien sûr, l’intrigue est aussi addictive que la plume est agréable, me donnant envie d’attendre un peu moins de cinq ans pour découvrir de nouveaux romans de l’auteur ! En tout cas, celui-ci est excellent et je regrette de ne trouver les mots pour mieux vous le vendre, alors : lisez-le.
J'ai découvert la plume très efficace de Fabien Clavel avec Métro Z. J'avais remarqué Feuillets de cuivre à sa sortie. Je trouve que c'est une bonne chose que les références littéraires sauront plaire aux lecteurs qui les connaissent sans désavantager les autres, voilà un auteur qui prend soin de tous ses lecteurs.
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