lundi 11 août 2014

Les Stagiaires

Auteur : Samantha Bailly
Milady
350 pages - 18,20€

Ophélie, Arthur, Hugues et Alix viennent tous d'horizons différents. Leur seul point commun : ils rêvent de travailler chez Pyxis, entreprise spécialisée dans l'édition de mangas et de jeux vidéo, pilier dans le secteur de l'industrie créative. Une réalité s'impose rapidement : beaucoup de candidats, peu d'élus. Désormais, le stage est devenu une étape obligatoire pour ces jeunes qui sont à la croisée des chemins dans leurs vies professionnelles et affectives. Provinciale tout juste débarquée, Ophélie a laissé derrière elle petit ami et logement, et doit faire face aux difficultés de la vie parisienne. Etudiant en école de commerce, Arthur est tiraillé entre les grands projets qu'on a pour lui et son envie de mettre la finance entre parenthèses. à leurs côtés, Alix, passionnée de mangas, ne jure que par ses sagas favorites, et Hugues, graphiste, teste ses limites dans les soirées électro... Dans une atmosphère conviviale, travail et vie privée s'entremêlent. Pourtant, une question demeure en fond sonore : qui restera ?
Quand la "génération Y" entre en collision avec le monde du travail : un récit marquant dans lequel beaucoup de jeunes adultes se reconnaîtront.


Mon avis :

Je tiens à remercier Milady et Babelio pour l'envoi de ce livre, même si j'ai finalement été très déçue par les Stagiaires, ayant lu de nombreux avis très positifs à son propos, des avis de blogueuses que j'apprécie et dont je partage les goûts la plupart du temps. J'avais aussi beaucoup apprécié l'intrigue de Oraisons, que j'ai lu l'an dernier, j'étais donc ravie de lire une nouvelle histoire signée Samantha Bailly. Malheureusement, il n'y a pas grand chose qui m'ait plu dans les Stagiaires, et beaucoup de points m'ont dérangée.

Mais le point qui m'a le pluuus embêtée dans cette lecture, c'est la totale absence d'empathie que j'ai expérimentée, ne m'étant ni attachée ni intéressée à un seul des personnages. Car oui, mon plus gros problème dans les Stagiaires, c'est le cœur même du livre : ses personnages. Ils sont tous hyper caricaturaux, ce sont de vrais stéréotypes sur pattes avec des personnalités sans nuance. On y trouve la provinciale un peu perdue dans la ville parisienne, la grosse geek de service, l'allumeuse en chien, le gros hipster de base et le fils à papa autodestructeur. Ils se résument chacun à ça, ont tous une personnalité unilatérale et ils n'ont pas du tout, du tout réussi à me toucher.

L'histoire est portée par Ophélie (la provinciale) et Arthur (les fils à papa) que l'on suit alternativement un chapitre sur deux. Ce sont donc les deux sur lesquels on en apprend le plus, laissant les autres en retrait et surtout, ne nous permettant de les connaître qu'à travers les deux personnages principaux.

Ophélie et Arthur donc, tout comme Alix (la geek), Hugues (le hipster) et Enissa (l'allumeuse) ont décroché un stage, chacun dans un domaine différent, chez Pyxis. À la base maison d'édition spécialisée dans les mangas mais qui développe aussi de petits jeux vidéos, Pyxis est une boite qui se veut super jeune et moderne et où l'ambiance est hyper détendue. En apparence le rêve absolu de tout stagiaire, un peu comme Google, vous voyez le genre ? On peut venir y bosser en jean, jouer à la console à la pause et il a même des salles de sport, ainsi que la légendaire salle de sieste, si l'on en croit les rumeurs... Entre ça et la potentielle embauche à la fin du stage, il y a de quoi se réjouir ! Sauf que, bien entendu, tout n'est pas aussi rose qu'il n'y paraît et les stagiaires vont vite s'en apercevoir.

Pour Ophélie, c'est la grosse galère. Son salaire de stagiaire est ridicule, et elle peine à trouver un logement sur Paris qui corresponde à ses moyens. Elle a laissé famille et copain derrière elle et ne peut compter que sur elle-même pour s'en sortir, avec la peur constante de ne pas y arriver et de devoir rentrer la queue entre les jambes. Arthur au contraire, est soutenu financièrement par ses parents et prend tout à la légère. Mais c'est du coté de sa vie personnelle que tout va mal, et il va trouver en Ophélie une distraction intéressante.

J'ai été dérangée par le fait qu'on oublie un peu vite la thématique principale du roman. Oui, on commence avec des stagiaires qui se donnent à fond avec l'espoir d'obtenir un emploi sur le long terme dans la boite où ils rêvent de bosser, où ils se font exploiter par leurs supérieurs grâce à cet appât... mais très vite on passe à coté et Pyxis disparaît complètement au profit des intrigues amoureuses, comme si le stage n'avait été qu'une excuse pour permettre à ces jeunes gens sans aucun points commun de se rencontrer et de tisser des liens dans l'adversité.

Tiens, j'y pense, je me permets un petit coup de gueule personnel, à propos d'un passage qui m'a vraiment fait grincer des dents : La réaction d’Ophélie quand Alix lui avoue n'avoir jamais pris de drogues à 23 ans. La jeune fille répond quelque chose du genre « même pas un joint, rien ? » et ajoute mentalement LA phrase qui m'a choquée :  « Cela dit, si sa vie était jusqu'ici une série de chats et de forums de discussion, ceci explique cela : Le virtuel n'offre pas toutes les expériences de la vie, loin de là. » Je vais passer pour la coincée du bulbe de service mais, whaaaat ? En quoi le fait de choisir de ne pas se droguer fait de vous un être inférieur qui n'a aucune expérience de la vie ? Dans quelle monde c'est la base de l'expérience humaine ? Entre ça et Arthur qui se fait des rails de coke sur la cuvette des WC en boite à toutes les soirées, ça ne m'a pas aidé, niveau identification... Oui, comme je l'ai dit, je ne me suis vraiment attachée à aucun personnage, surtout pas à Arthur : je n'arrive pas à trouver en moi de la compassion pour la stupidité qui mène à l'autodestruction.

J'ai aussi eu la douloureuse impression que Samantha Bailly en faisait trop, tout le temps. Par exemple, un passage où les stagiaires discutent de Pokemon semblerait presque inspiré du livret tutoriel fourni avec la cartouche de jeu de la première version (je chipote, mais Pokemon c'est important). Quant à la fin, elle m'a laissée de marbre. Il faut dire que je m'attendais à quelque chose du genre, mais j'ai tout de même été déçue devant la solution de facilité choisie par l'auteur. Mais après tout, il n'y avait guère d'autres façons de finir ce roman et cette fin a le mérite d'être assez ouverte pour permettre une suite, et assez fermée pour offrir une fin convenable à ceux qui, comme moi, ne liront pas la suite.

L'intérieur du livre en lui même a cependant une mise en page très sympa, avec des fenêtres de conversations instantanées, des échanges de mails, de sms, le tout mis en forme de façon réaliste et graphique, crédible et très agréable à suivre. Il y a cependant quelques rares ratés de mise en page même s'ils sont peu nombreux et finalement pas dérangeants. J'ai apprécié ce coté ludique, vivant et original, complètement en phase avec le récit. La plume de l'auteur est fluide et agréable à lire et j'ai remarqué une amélioration depuis Oraisons, une assurance dans le style qui m'a plu. Bon, il est forcément difficile de juger du style de quelqu'un dans un roman qui met majoritairement en scène des dialogues, des messages interposés parfois volontairement mal écrits et du langage sms, mais j'ai quand même apprécié de voir les progrès de l'auteur.

J'ai donc très peu aimé les Stagiaires, même si je comprends qu'il puisse toucher un certain public auquel je n'appartiens pas. Je ne reste cependant pas catégorique quant à Samantha Bailly, laquelle avait réussi à me séduire avec Oraisons, et je lirai la suite de la saga qui sort prochainement chez Bragelonne avec plaisir et en tentant d'oublier les Stagiaires au plus vite... Même s'il semblerait qu'une suite doive donc voir le jour. Mais je ne me pencherai sûrement pas plus sur la question !





6 commentaires:

  1. En lisant le résumé j'aurais eu tendance à trouver ça intéressant comme livre mais du coup là je pense que c'est pas pour moi du tout O_o rien que le fait que Pyxis se fasse zapper pour les intrigues amoureuses.... Et je rejoins complètement ton avis sur le coup de "ne pas se droguer c'est mal" ! Sérieusement ? Comme si la vie était pas assez riche pour offrir autre chose que ça ! °A° (j'aime ce smiley ouioui.) Mais je pense que ça rentre un peu dans ce que tu disais, le fait que l'auteure en fasse trop, pareil pour la pensée à coup de "les chats c'est pour les loosers".... Enfin, c'est une pensée un peu vieillotte maintenant je crois. A part des vieilles aigries dans le train j'ai jamais entendu personne dire ça !! :D

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    1. Oui, j'ai choisi ce livre au dernier Masse Critique de Babelio en pensant lire un truc sympa sur une bande de stagiaires en galère et très vite ça devient sentimental et coquin, ça perd en crédibilité et le stage passe au second plan... tout ce qui me plombe une lecture, surtout si je m'y attends pas.

      Aaaaah merci, tu me rassures ! L'héroïne est trop choquée qu'on puisse avoir vécu 20 ans sans avoir fumé un joint, le truc trop irréel ! Et la pauvre Alix se fait juger par tous les cotés. Comme elle est geek et okatus, elle est forcément grosse et moche tu vois. Cliché à mort.

      Et tu vas rire, mais j'ai lu cette citation comme toi la première fois... Avant de réaliser quand j'ai voulu la recopier qu'elle ne parle pas de chats, les bébêtes, mais de "tchats", genre de discussions virtuelles xD Bon ça change pas le fond, qu'elle trouve que se droguer c'est ZE expérience de la vie, mais c'est rigolo xD

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  2. Je te rejoins sur bon nombre de points : les personnages stéréotypés, le manque de réalisme. On m'avait justement "vendu" (enfin les blogueuses en parlaient comme) d'un livre pouvant parler à tout le monde, qu'elles s'y reconnaissaient. J'y voyais donc des archétypes, pour tomber sur une intrigue très caricaturale ; limite "mettons tous les clichés sur les stages, les stagiaires, l'entreprise innovante, à Paris". Et je me dis que forcément l'auteure en a réalisé au vu de son métier. Mais alors, cela peut être une histoire complètement décalée par rapport à la réalité, mais j'aurai aimé que l'auteure me le fasse sentir d'entrée de jeu. Peu importe l'univers, si je connais les règles de jeu, je les accepte et je passe un bon moment (c'est comme un pacte tacite entre l'auteur et le lecteur)

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    1. je suis ravie de voir que tu partages mon avis ! Je me sentais seule, moi non plus je ne me suis pas DU TOUT retrouvée dans ce livre. Et je suis partie comme toi, en comparant avec la réalité et j'ai donc été déçue :)

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  3. Hum, effectivement... Étonnamment, je comprends tout à fait ton point de vue. Quand j'ai lu ce roman, il faisait parfaitement écho à certaines de mes interrogations du moment. Du coup...
    Mais c'est vrai que, côté personnages, difficiles de s'attacher à eux. Et quant à la phrase que tu cites ! C'est dingue, mais j'ai dû passer à côté, parce que je trouve ça carrément choquant O.o
    Enfin ! J'espère que ta prochaine expérience avec l'auteure se révèlera plus concluante ;)
    Bisous coupine !

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    1. J'ai lu ton avis, c'est même lui qui m'a poussé à demander ce roman sur Babelio :) Je ne t'en veux pas en tout cas, je suis contente de l'avoir lu ^^
      Choquant, hein ??? :| ça ne m'a pas aidé à apprécier les personnages xD
      Je n'en doute pas, Métamorphoses devrait être une lecture agréable :D Enfin, j'espère o.o
      à très vite <3

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