Autrice : Catherine Cuenca
Édition Scrineo
384 pages – 16,90€
Avril
1849. Alors que les élections législatives de la toute jeune IIe
République se préparent, des femmes courageuses et indépendantes sont
retrouvées mortes, assassinées dans différents lieux de Paris. Tout indique
qu’elles ont été victimes d’un seul et même tueur.
L’inspecteur
Alexandre Delage est chargé de l’enquête. Aidé par Léa, une spirite à la
sensibilité hors du commun, et par Julie, farouche employée d’un grand magasin
dont la meilleure amie fait partie des victimes, le jeune policier met tout en
œuvre pour démasquer l’assassin.
Mais
les crimes se multiplient et celui-ci semble insaisissable…
Mon avis :
Une enquête policière en plein éveil féministe ? Je dis oui !
L’assassin du marais nous propulse en 1849, alors que les élections
législatives de la deuxième République se préparent. Et cette fois, une
femme tente de se présenter ! Jeanne Deroin se place comme le fer de
lance d’une vague féministe qui tient à faire évoluer l’égalité des sexes. Et
bien entendu, cela n’est pas du goût de tout le monde, en particulier des
hommes. Il y a ceux qui les dénigrent dans les journaux, ceux qui les huent
pendant leurs prises de parole... et ceux qui les tuent. De nombreuses
femmes sont violemment assassinées, des femmes aux idées et aux mœurs qui
dérangent.
Not all men, heureusement. Alexandre Delage, un jeune inspecteur,
prend l’affaire très à cœur, contrairement à ses collègues. Il s’inquiète,
s’implique et n’hésite pas à bien s’entourer pour retrouver le meurtrier.
Julie, amie d’une des disparues, et Léa, médium à ses heures perdues, lui
viennent volontiers en aide. Les deux jeunes femmes se lient d’amitié et
enquêtent de leur côté, sans se reposer sur l’homme de la situation. Julie
est une travailleuse indépendante et émancipée, qui s’est libérée de la tutelle
paternelle et refuse de se jeter dans les bras du premier galant qui voudrait
bien d’elle. Quant à Léa, elle est mère et divorcée. Une espèce rare à
l’époque, d’autant qu’elle est belle et donc forcément fautive. Le récit de
Catherine Cuenca s’émaille aussi de vrais personnages historiques, de femmes
qui ont tenté de faire évoluer la condition de leurs consœurs. Nos
protagonistes vont donc croiser le chemin de Jeanne Deroin ou de de Désirée
Gay, entremêlant leur histoire à celle des personnages du roman. L’autrice
vous laissera même des fiches en fin de roman pour vous les présenter plus
amplement. Elle fait la part belle aux femmes, réelles ou non, qui sont au
cœur de l’histoire et sur le devant de la scène : engagées, politisées,
actives… et victimes.
Ah
je sais, cette chronique est salée, mais les injustices subies par les
femmes du roman font douloureusement échos à ce que l’on vit encore
aujourd’hui. Il est plaisant de voir que les combats commencés il y a cent
soixante-dix ans ont réussi à trouver certaines issues favorables, que ces
femmes fortes ont su faire entendre leur voix. C’est grâce à leur courage et
leur mise en avant – et en danger – que nous pouvons voter, avoir un compte en
banque ou avorter. Mais le roman traite de féminicides, de femmes tuées
parce qu’elles sont des femmes. Nous sommes en 2019 et cette année, on décompte
déjà plus de soixante-dix féminicides en France. Alors oui, ce roman
jeunesse, policier et teinté de fantastique est une jolie découverte, un beau
moyen de montrer que les choses ne sont pas parfaites mais qu’elles évoluent,
que les femmes peuvent se battre et obtenir justice. Mais c’est aussi un
roman engagé, au fort message politique, qui ne pourra qu’intéresser les
féministes en herbe et provoquer des discussions passionnantes avec les jeunes
auxquels il s’adresse.
L’assassin du marais est un bon roman, à la fois divertissant
grâce à son intrigue bien ficelée (dont le dénouement ne prendra pas forcément par
surprise le lecteur ou la lectrice averti∙e) mais aussi porteur d’un message
fort et important. Le roman n’est pas exempt d’humour et laisse la place
aux scènes d’amitié et d’amour fleurissant, n’oubliant pas de donner vie à ses
personnages crédibles et attachants. Un livre prenant qui fait
réfléchir !
Kara a aussi vachement aimé, il faut que je le lise du coup ^^
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