dimanche 14 mai 2017

Le Secret de la Dame en rouge

Autrice : Béatrice Bottet
Illustration par Noémie Chevalier
Éditions Scrineo
406 pages – 16 ,90€  

Dans les dernières années du XIXè siècle…
Réfugiée à Paris pour échapper à sa famille, Violette Baudoyer est une jeune fille assez ordinaire…. A un détail près : elle voit le passé et l’avenir dans l’eau. Sous l’identité de Mme Euryale, elle devient la coqueluche du Tout-Paris. Les plus grandes personnalités de la capitale s’arrachent les prédictions de cette mystérieuse devineresse ! Mais Violette se sent prisonnière de l’emprise de madame Bouteloup, qui lui a tout appris et en profite pour s’approprier ses revenus…
De son côté Florimond Valence, un journaliste bohème qui déambule toutes les nuits à la recherche de nouveaux sujets, enquête sur le meurtre d’une femme retrouvée atrocement mutilée.
En apparence, rien ne les unit. Mais le destin a plus d’un tour dans son sac, et même le don de Violette ne peut dévoiler ce que le sort leur réserve…


Mon avis :

Le Secret de la Dame en Rouge, c'est celui de Violette Baudoyer, une jeune femme dotée du don de divination qui emprunte l'identité de Mme Euryale lorsqu'elle donne ses séances auprès de la bonne société parisienne. Nous sommes à Paris, à la fin du XIXe siècle, c'est la Belle Époque et l’on s'apprête à inaugurer la Tour Eiffel pendant l’Exposition universelle. Le cadavre d'une femme est découvert dans les rues de Paris... amputée de son cerveau. Florimond Valence, dit Nocturnos de son nom de plume, s'empresse d'écrire à ce sujet pour Les Nouvelles du Matin, lui qui a l’habitude de déambuler la nuit pour trouver l’inspiration. Le voilà mêlé contre son gré à cette affaire sordide, obligé d’aider la police à enquêter sur ce qui finira par être une série de meurtres.

Bien sûr, son chemin croisera celui de Violette. Cette dernière a fui sa famille et ses obligations matrimoniales pour finir entre les griffes de l'ambiguë Mme Bouteloup, laquelle l'a prise sous son aile voilà deux ans, mais qui profite tout de même allègrement des dons de la jeune fille pour s’enrichir sur son dos. Violette, piégée par ses dettes auprès de sa protectrice, ne peut se résoudre à s’enfuir à nouveau alors qu’elle se cache déjà de son terrible père, bien décidé à la marier de force à un homme bien plus vieux et peu attrayant. Et puis malgré tout, elle l’aime bien, Mme Bouteloup ! Après avoir vécu sous la coupe d’un père brutal et autoritaire, elle se sent tout de même mieux auprès de cette femme qui, si elle confisque tous ses revenus, lui montre tout de même de l’affection et prend en compte ses opinions. Car la jeune fille est en avance sur son temps, éprise de liberté et bien loin de s’imaginer rentrer dans le même moule que sa propre mère. Femme au foyer ? Non merci !

Enfin, et c'est là où certains pourraient émettre un léger bémol, nous rencontrons les coupables dès le début du roman. Je pense cependant que ce n’est pas forcément un point négatif, car nous suivons tout de même l’enquête à travers les yeux de Florimond, mais surtout parce qu’il était nécessaire de comprendre leurs motivations. L’intrigue reste très prenante, même une fois ce secret éventé ! Nous voilà donc projetés au milieu d'une enquête policière teintée de fantastique, parfaitement ancrée dans l'époque choisie. L'autrice prend plaisir à forcer l'immersion et fait découvrir beaucoup de choses au lecteur néophyte, lui donnant même l'envie d'aller chercher plus avant plus d'informations, voire même de redécouvrir l’Exposition universelle. Les coupables eux-mêmes sont de purs fruits de leur époque, avide d’innovation et d’avancées scientifiques, prêts à tout pour participer aux changements qui bouleversent leur temps.

Le roman s’attarde aussi sur la condition féminine à cette époque et met en évidence la place de la femme à la fois dans la société, au travail ou dans son propre foyer. Nous sommes en France à la fin des années 1880 et pourtant, la femme est toujours à peine plus considérée que du mobilier. Les filles n’ont pas leur mot à dire face à leurs pères, les ouvrières sont moins bien payées pour la simple raison qu’elles ne sont pas des ouvriers. Pire, cette norme est tellement ancrée dans les mœurs que les femmes elles-mêmes continuent à se plier à ce système, embrassant le rôle de femme au foyer et ne défendant par leurs filles qui s’apprêtent à le subir à leur tour. Pour Violette, il est temps que cela change, et cela commence doucement mais surement par son émancipation, qui reste une solution précaire : si son père la retrouve, il aura toujours le droit de la marier contre son gré. On comprend aisément qu’elle ne se rebiffe pas plus contre Mme Bouteloup qui, au final, lui offre une forme de liberté à laquelle elle n’aurait pas le droit auprès de son père.

Enfin, j’ai été conquise par la plume de Béatrice Bottet, tout aussi agréable qu’efficace. On découvre alternativement des chapitres du point de vue de Florimond à la troisième personne et de Violette à la première, entrecoupés de courts moments où l’on suit les tueurs. Le rythme est dynamique, les personnages sont crédibles et attachants, l’intrigue est prenante et les sujets abordés très intéressants. J’ai passé un très bon moment de lecture et j’encourage les jeunes lecteurs à s’y intéresser, rien que pour avoir un aperçu de ce qu’était Paris à la fin du XIXè siècle. Nul doute que l’enquête saura les passionner et les personnages les attendrir, pour ne rien gâcher !
  

2 commentaires:

  1. La couv me branchant déjà pas mal. Maintenant j'ai encore plus envie 0_0

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    1. Il est vraiment bien, tu devrais apprécier ! (et rien que pour la couv ça vaut le coup, en effet :p)

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