Autrice : Béatrice Bottet
Illustration par Noémie Chevalier
Illustration par Noémie Chevalier
Éditions Scrineo
406 pages – 16 ,90€
Dans les dernières années du XIXè siècle…
Dans les dernières années du XIXè siècle…
Réfugiée à Paris pour échapper à sa famille,
Violette Baudoyer est une jeune fille assez ordinaire…. A un détail près :
elle voit le passé et l’avenir dans l’eau. Sous l’identité de Mme Euryale, elle
devient la coqueluche du Tout-Paris. Les plus grandes personnalités de la
capitale s’arrachent les prédictions de cette mystérieuse devineresse !
Mais Violette se sent prisonnière de l’emprise de madame Bouteloup, qui lui a
tout appris et en profite pour s’approprier ses revenus…
De son côté Florimond Valence, un journaliste
bohème qui déambule toutes les nuits à la recherche de nouveaux sujets, enquête
sur le meurtre d’une femme retrouvée atrocement mutilée.
Mon avis :
Le Secret de la Dame en Rouge, c'est celui de
Violette Baudoyer, une jeune femme dotée du don de divination qui emprunte
l'identité de Mme Euryale lorsqu'elle donne ses séances auprès de la bonne
société parisienne. Nous sommes à Paris, à la fin du XIXe siècle, c'est la
Belle Époque et l’on s'apprête à inaugurer la Tour Eiffel pendant l’Exposition
universelle. Le cadavre d'une femme est découvert dans les rues de Paris...
amputée de son cerveau. Florimond Valence, dit Nocturnos de son nom de plume,
s'empresse d'écrire à ce sujet pour Les Nouvelles du Matin, lui qui a l’habitude
de déambuler la nuit pour trouver l’inspiration. Le voilà mêlé contre son gré à
cette affaire sordide, obligé d’aider la police à enquêter sur ce qui finira
par être une série de meurtres.
Bien sûr, son chemin croisera celui de
Violette. Cette dernière a fui sa famille et ses obligations matrimoniales pour
finir entre les griffes de l'ambiguë Mme Bouteloup, laquelle l'a prise sous son
aile voilà deux ans, mais qui profite tout de même allègrement des dons de la
jeune fille pour s’enrichir sur son dos. Violette, piégée par ses dettes auprès
de sa protectrice, ne peut se résoudre à s’enfuir à nouveau alors qu’elle se
cache déjà de son terrible père, bien décidé à la marier de force à un homme
bien plus vieux et peu attrayant. Et puis malgré tout, elle l’aime bien, Mme
Bouteloup ! Après avoir vécu sous la coupe d’un père brutal et
autoritaire, elle se sent tout de même mieux auprès de cette femme qui, si elle
confisque tous ses revenus, lui montre tout de même de l’affection et prend en
compte ses opinions. Car la jeune fille est en avance sur son temps, éprise de
liberté et bien loin de s’imaginer rentrer dans le même moule que sa propre
mère. Femme au foyer ? Non merci !
Enfin, et c'est là où certains pourraient
émettre un léger bémol, nous rencontrons les coupables dès le début du roman.
Je pense cependant que ce n’est pas forcément un point négatif, car nous
suivons tout de même l’enquête à travers les yeux de Florimond, mais surtout
parce qu’il était nécessaire de comprendre leurs motivations. L’intrigue reste
très prenante, même une fois ce secret éventé ! Nous voilà donc projetés
au milieu d'une enquête policière teintée de fantastique, parfaitement ancrée
dans l'époque choisie. L'autrice prend plaisir à forcer l'immersion et fait
découvrir beaucoup de choses au lecteur néophyte, lui donnant même l'envie
d'aller chercher plus avant plus d'informations, voire même de
redécouvrir l’Exposition universelle. Les coupables eux-mêmes sont de purs
fruits de leur époque, avide d’innovation et d’avancées scientifiques, prêts à
tout pour participer aux changements qui bouleversent leur temps.
Le roman s’attarde aussi sur la condition
féminine à cette époque et met en évidence la place de la femme à la fois dans
la société, au travail ou dans son propre foyer. Nous sommes en France à la fin
des années 1880 et pourtant, la femme est toujours à peine plus considérée que
du mobilier. Les filles n’ont pas leur mot à dire face à leurs pères, les
ouvrières sont moins bien payées pour la simple raison qu’elles ne sont pas des
ouvriers. Pire, cette norme est tellement ancrée dans les mœurs que les femmes
elles-mêmes continuent à se plier à ce système, embrassant le rôle de femme au
foyer et ne défendant par leurs filles qui s’apprêtent à le subir à leur tour.
Pour Violette, il est temps que cela change, et cela commence doucement mais
surement par son émancipation, qui reste une solution précaire : si son père la
retrouve, il aura toujours le droit de la marier contre son gré. On comprend
aisément qu’elle ne se rebiffe pas plus contre Mme Bouteloup qui, au final, lui
offre une forme de liberté à laquelle elle n’aurait pas le droit auprès de son
père.
Enfin, j’ai été
conquise par la plume de Béatrice Bottet, tout aussi agréable qu’efficace. On découvre alternativement des chapitres du
point de vue de Florimond à la troisième personne et de Violette à la première,
entrecoupés de courts moments où l’on suit les tueurs. Le rythme est dynamique,
les personnages sont crédibles et attachants, l’intrigue est prenante et les
sujets abordés très intéressants. J’ai passé un très bon moment de lecture et j’encourage
les jeunes lecteurs à s’y intéresser, rien que pour avoir un aperçu de ce qu’était
Paris à la fin du XIXè siècle. Nul doute que l’enquête saura les passionner et
les personnages les attendrir, pour ne rien gâcher !
La couv me branchant déjà pas mal. Maintenant j'ai encore plus envie 0_0
RépondreSupprimerIl est vraiment bien, tu devrais apprécier ! (et rien que pour la couv ça vaut le coup, en effet :p)
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