mercredi 15 août 2018

Rouille



Autrice : Floriane Soulas
Éditions Scrineo
375 pages – 16.90€


Paris, 1897.

De nouveaux matériaux découverts sur la Lune ont permis des avancées scientifiques extraordinaires. Mais tout le monde n’en profite pas ! En dehors du Dôme qui protège le centre urbain riche et sophistiqué, le petit peuple survit tant bien que mal. C’est dans une maison sur l’un de ces faubourgs malfamés qu’a échoué Violante, prostituée sans mémoire. Alors qu’elle se démène pour trouver son identité dans un monde dominé par les hommes et les puissants, sa meilleure amie disparait dans d’atroces circonstances. Contre la raison, la jeune femme décide de prendre part aux investigations…



Mon avis :

Légèrement à contre-courant, vu l’enthousiasme général suscité par Rouille, je suis un peu plus mitigée quant à cette lecture. Bien que le roman soit prenant et l’univers très intéressant, les personnages sont trop incohérents et peu attachants. Mais Rouille souffre surtout d’une accumulation assez indigeste de lieux communs, à commencer par l’héroïne amnésique à la recherche de son identité perdue. Quand elle est en plus de cela la prostituée vedette de son établissement, qu’elle semble avoir une éducation et des manières qui ne correspondent pas à son statut actuel, qu’elle se lance dans une quête de vengeance après la mort de sa meilleure/seule amie, alors qu’un tueur en série qui semble viser les prostituées hante les rues de Paris… Cela fait beaucoup de déjà-vus, et forcément moins de surprises. Je ne suis pas pour l’originalité à tout prix, je préfère m’attacher à la psychologie des personnages, mais là aussi je n’y ai pas trouvé mon compte. Fort heureusement, les déambulations des protagonistes dans les rues d’un Paris steampunk très bien dépeint contrebalancent ces points négatifs.

Le point fort du roman est clairement son univers uchronique steampunk. En 1897, Paris a déjà conquis la Lune pour en extraire un matériau aux propriétés incroyables, la science a fait d’immenses progrès et il n’est pas surprenant d’apercevoir un dirigeable ou de croiser un automate. Les évolutions technologiques font partie du quotidien de l’héroïne et sont très bien intégrées à l’histoire, à tel point que l'autrice ne s'attarde pas sur leur fonctionnement, se contentant de décrire son ambiance générale avec subtilité. Même si on reste en surface, presque toutes les scènes nous rappellent cette ambiance et l’immersion est totale. L’atmosphère générale de toute fin du XIXème siècle est elle aussi crédible et bien travaillée, et j’ai apprécié le parti-pris de l’autrice de nous en montrer surtout les mauvais côtés : les bordels, les bars malfamés et les rues pleines d’orphelins sont le quotidien des héros. Grâce à son statut de favorite, Violante entrevoit parfois l’autre côté et ses privilèges d’une nuit mettent en exergue la misère habituelle.


La plume de l'autrice est efficace, même si elle se perd parfois un peu lors de descriptions ou de scènes d’actions. Rouille est un roman prenant, qui peine à trouver son rythme lors de la phase d'exposition mais qui se rattrape par la suite. L'autrice donne envie de découvrir plus avant ce Paris steampunk et toutes ses inventions, bien plus que de découvrir le passé de Violante. Cela est aussi dû au fait que, de mon point de vue, Violante est clairement construite pour être antipathique. J’ai pensé que c’était pour accentuer ce côté qu’absolument tous les autres personnages étaient plus avenants qu’ils n’auraient dû l’être, comme les proxénètes bien éduqués, protecteurs et gentils. Je pense aussi ne pas forcément être la cible d'un roman young adult steampunk et policier, même si j'ai trouvé que le roman se cherchait. Comme si on lui avait collé cette étiquette jeune adulte qui faisait qu'il devait être édulcoré, mais que l’on tenait tout de même à son côté sombre et violent. Rouille est tout de même un roman intéressant à l’univers bien construit qui saura conquérir son public (et qui l’a déjà fait !)

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