dimanche 16 juillet 2017

Tellucidar #2

Auteur : Jean-Luc Marcastel
Éditions Scrineo
435 pages – 17.90€

Un autre monde, sous vos pas, au cœur de la Terre. Un monde inversé, où l’horizon monte au lieu de descendre, où des peuples humains disparus cohabitent avec les descendants des grands reptiles de jadis.
Mais ce monde est en danger. 

La Tellcorp, une multinationale que rien n’arrête, l’a découvert. Elle réduit ses peuples en esclavage à l’aide de mercenaires et de terrifiantes machines de combat.
Lucas, Patrick, Charles, Korè Attawhakan, et Kshaan, leur compagnon dinosaurien, doivent retrouver les rebelles pour contrer les desseins du sinistre cartel. 
Mais entre les prédateurs géants, les plantes carnivores et les drones de la Tellcorp, la jungle de Tellucidar recèle bien des dangers... Et Michaël Kirov, l’impitoyable chef de la sécurité de la compagnie, l’apprête à frapper. 

La dernière bataille va commencer…


Mon avis : 

Je suis TRÈS mitigée quant à ce deuxième tome, alors que j’avais beaucoup apprécié le premier. L’originalité de l’univers, l’intrigue dense et riche et les personnages attachants avaient réussi à me faire passer outre certains problèmes qui, cette fois, m’ont vraiment dérangée. Mon rythme de lecture en a pâti, j’ai mis le roman de côté plusieurs fois et maintenant qu’il est terminé, j’ai du mal à garder en mémoire ses bons côtés.

Avant toute chose, la série Tellucidar est LOIN de réussir le test de Bechdel. Pour ceux d’entre vous qui ne le connaissent pas, c’est un test qui sert à mettre en avant le sexisme de certaines œuvres de fiction. Pour réussir le test, une œuvre doit mettre en scène au moins deux femmes qui possèdent une identité, ces deux femmes doivent communiquer ensemble et leur conversation ne doit pas être à propos d’un personnage masculin. D’où vient le problème avec Tellucidar ? Il n’y a QU’UN SEUL personnage féminin. Il s’agit de Korè, jeune fille d’une quinzaine d’année, princesse de Tellucidar, hyper sexualisée et qui attire les convoitises d’au moins quatre personnages masculins. Tous les autres personnages féminins mentionnés dans la série sont décédés avant le début de l’intrigue, ce qui pose clairement problème quant au deuxième point du test de Bechdel : Korè ne peut s’entretenir qu’avec des hommes (ou des dinosauroïdes…  masculins) et c’est bien dommage. Aussi, j’avais souvenir d’une jeune fille combative et courageuse dans le premier tome, alors qu’elle est réduite à un rôle très secondaire dans le deuxième. Elle est le love interest du héros, la cause de frictions avec son meilleur ami qui, lui aussi, en tombe amoureux… Mais elle est aussi promise à un autre, pour des raisons d’alliances entre peuples et parce que, bien sûr, cela brise le cœur du personnage principal. Malheureusement, je n’arrive pas à passer outre, d’autant plus que c’est un roman adressé à un lectorat assez jeune. Cela passait avec le premier tome, alors qu’elle était l’émissaire qui venait chercher de l’aide en surface, mais cela n’est plus acceptable alors que les héros arrivent dans un nouvel univers souterrain où tout un peuple est établi et où aucune femme n’apparait. 

C’est dommage parce que ce qui avait fait le charme du premier tome est encore là : un univers fortement inspiré d’antiques civilisations et de monuments de la science-fiction, un monde secret et souterrain où ont survécu les dinosaures, alors que d’autres ont évolué pour cohabiter avec les tellucidariens… De façon originale, le second tome débute comme un roman d’apprentissage, alors que Lucas, habitant de la surface, doit faire ses preuves et apprendre à se battre. Pour protéger toute une civilisation et la femme qu’il aime contre la menace venue de la surface, Lucas deviendra un véritable tellucidarien, le digne héritier de son père qui, avant lui, avait réussi à se faire accepter par ce peuple. Ainsi, ce deuxième opus propose d’intéressantes thématiques, à commencer par le rapport à la filiation : d’un côté, Lucas, abandonné par son père qui a reconstruit sa vie dans un nouveau monde et qui ne ressemble en rien au souvenir qu’il en avait ; de l’autre Charles, qui tient réellement à ne pas devenir comme le sien, leader impitoyable de la Tellcorp et de la menace qui pèse sur Tellucidar. Malheureusement, j’ai aussi été gênée par les amours contrariées de Lucas et sa sœur Korè, dont la nature particulière rendait assez prévisible la fin et son dénouement, tout comme j’ai eu du mal avec les révélations du passé liant Patrick et Mickael, respectivement l’oncle de Lucas et le père de Charles, dont la haine viscérale remonte à des années et n’a d’autres explications… qu’une femme. Malgré tout, l’univers créé par l’auteur est extrêmement riche et agréable à explorer, le rythme est haletant et les personnages restent attachants.

Je suis finalement assez déçue par le deuxième tome de Tellucidar, parce que j’avais vraiment apprécié le premier. Trop de défauts et de clichés m’ont perturbée et empêchée de réellement profiter de tout ce que l’histoire avait à offrir. Si je mettrais volontiers la note maximale à l’univers, je ne peux définitivement passer outre l’évolution ratée des personnages, leur côté stéréotypé et le déséquilibre qui en découle. Je garderais un bon souvenir de ma découverte de Tellucidar malgré tout. 



8 commentaires:

  1. Dommage, en effet, après un premier tome intéressant ! Du coup, je ne note pas la série, d'autant que j'ai détesté (mais vraiment profondément !) un autre roman de l'auteur, donc j'y vais désormais avec beaucoup de précautions ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mince, c'était quel bouquin ? Il souffrait du même genre de problèmes ?

      Supprimer
  2. Heh, au moins la couverture est à la hauteur du contenu, avec une héroïne à demi masquée et hypersexualisée.... :'( Gros respect à toi pour t'être enquillé cette lecture, à ta place j'aurai rage-quit de rage xD

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est pire sur la première couv : elle est au premier plan mais dans une tenue qui rappelle la tenue d'esclave de Leya dans SW. 15 ans max, la meuf.

      Supprimer
    2. HOOOOOOOOOOO mais j'avais oublié je viens de vérifier t'as raison !!! Me semble même que ça m'a braquée direct. Si un auteur est OK avec un perso représenté de cette façon en couv, je préfère même pas oser lire au risque de faire une crise de nerfs xD
      Holy crap j'ai tellement bien fait de me fier à cette intuition :')

      Supprimer
  3. Je suis genre méga d'accord avec ton analyse de Koré. J'avais le test de Bechdel en tête pendant toute ma lecture et j'imaginais allègrement qu'on aurait très bien pu faire passer tel ou tel personnage en femme (bin genre la moitié pour équilibrer les choses quoi, genre comme dans la vraie vie en fait). Plus j'y réfléchis plus je me dis que le deuxième tome m'a quand même bien énervée et sur plusieurs points. Genre les clichés de l'intrigue par rapport au père, aux prétendants de Koré, à la relation de Koré avec Lucas, même au pouvoir de Lucas et au sort de son meilleur ami. J'ai clairement tout vu venir en me disant : mais nan, ça va être plus original, ça va pas être ça l'explication. Bin si. Cruelle désillusion parce que comme toi j'ai adoré l'univers et que le premier tome m'avait emballé !
    A plush

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On est d'accord ! C'est le pays des schtroumpfs ou quoi ?
      J'ai tout vu venir aussi, tout était beaucoup trop convenu et tirait sur la corde... J'ai essayé de me forcer à passer outre tout ça mais c'était impossible, les clichés se sont enchaînés tout le long :/ En tout cas j'ai été très rassurée de voir ton avis, ça fait plaisir ! :)

      Supprimer
  4. Aïe ! Je n'ai déjà pas trouvé le premier tome bien alors je crois que je vais passer mon tour pour le deuxième tome !

    RépondreSupprimer