dimanche 13 mars 2016

La Proie du Papillon

 
Stéphane Soutoul
Pygmalion
416 pages - 17€

« Quand une femme frappe dans le coeur d'une autre, elle manque rarement de trouver l'endroit sensible, et la blessure est incurable. » Pierre CHODERLOS DE LACLOS

Sulfureux. Indécents. Mortels...
Avez-vous déjà entendu parler des Fils d'Éros ? On prétend à mi-voix que ces professionnels de la séduction joueraient avec les sentiments et bouleverseraient la vie de leurs victimes.
Judith de Ringis est une femme d'affaires aussi douée qu'impitoyable. Pour se débarrasser d'une concurrente gênante, elle requiert les services de l'un de ces mercenaires. Marco, dit le Papillon, s'engage à briser sa proie.
Cependant, manipuler les choses de l'amour n'est jamais simple, surtout quand les plus redoutables prédateurs se révèlent, eux aussi, capables d'émotions...



Mon avis :

Avouez, vous êtes plutôt surpris. Je sais, ce n'est clairement pas mon genre de lecture habituel et je ne sais pas trop pourquoi je me suis laissée tenter. Enfin, si : l'acco à la mythologie en moi a vu « Éros » et a tout de suite soupçonné qu'il y aurait du fantastique... mais ce ne fut pas du tout le cas. La Proie du Papillon est un « thriller sentimental » tout ce qu'il y a de plus contemporain. J'ai arrêté de lire des thrillers parce que je devinais toujours la fin, et j'ai arrêté de lire du sentimental parce que c'était toujours soit cucul, soit vulgaire. Poussée par mon amie Christelle, j'ai voulu donner sa chance à ce roman et à son auteur dont elle m'a toujours dit le plus grand bien. Je ne vous laisse pas mariner plus longtemps, j'ai contre toutes attentes passé un très bon moment de lecture.

La Proie du Papillon, c'est l'histoire de Judith de Ringis. En clair, Judith est un personnage détestable. Égocentrique, imbue d'elle-même et surtout sans état d'âme, elle provoque immédiatement l'antipathie du lecteur. Mais elle est aussi étrangement fascinante par sa noirceur et sa cruauté, son intelligence et le rôle qu'elle joue constamment face aux autres protagonistes qu'elle méprise. En un sens, elle peut provoquer l'admiration autant que le dégoût. C'est un personnage extrêmement complet et bien dépeint, qui ne peut laisser indifférent. Pour elle, la fin justifie toujours les moyens, peu importe les dommages collatéraux et le sang sur ses mains. Tant que cela ne ternit pas son image, bien sûr.

Cette chef d'entreprise qui a toujours réussi en écrasant ses rivaux a cependant une épine dans le pied : Annie Lauren, une concurrente et connaissance de longue date qui personnifie tout ce que Judith méprise : la bonté, la gentillesse, la courageuse maman célibataire... Elle la hait et ne désire qu'une chose, l'anéantir, et ce dans le sens absolu du terme. Elle veut qu'il ne reste absolument rien de sa Némésis, et ce après l'avoir détruite mentalement. Alors, quand elle entend parler des Fils d’Éros, de cette société secrète de séducteurs professionnels, l'héroïne y voit l'arme parfaite. Rapidement, Judith accepte d'employer Marco, un jeune homme à l'aura magnétique auquel il semble impossible de résister.

Marco est presque un cliché tant il incarne la perfection au masculin, l'homme mystérieux et insaisissable, l'arme de séduction absolue. Mais l'auteur a réussi à vraiment lui donner de la contenance, à en faire un personnage certes énigmatique, mais intéressant et agréable à suivre. Il n'est pas « juste » terriblement séduisant, il est aussi mesuré et intelligent. L'auteur en a vraiment fait l'égal de Judith, comme dans un jeu de miroir finalement, le même tout en étant son exact opposé. Et très vite, forcément, une tension sexuelle s'installe entre les deux protagonistes principaux, alors même que Marco commence sa mission.

J'ai été conquise assez rapidement par la plume de l'auteur. Avant de m'en rendre compte, j'ai dépassé les cent premières pages et ai dû attendre ma compagne de lecture commune, Christelle donc, alors que je suis toujours celle qu'on attend ! Stéphane Soutoul. a une écriture très fluide, percutante et jolie, que j'ai beaucoup appréciée. Quant aux scènes intimes, elles ont été un véritable soulagement. J'avais presque oublié qu'on pouvait lire de l'érotique non vulgaire ! Ici, tout n'est que sensualité, certes explicite par moment, mais tout en finesse. De plus, nous suivons l'héroïne, Judith, à la première personne. Il y a toujours quelque chose de très appréciable dans le fait de voir à travers les yeux d'un vrai « méchant ». Je pense que ce choix ne fait que renforcer l'espèce de fascination malsaine qu'elle provoque, tout en accentuant les côtés les plus insaisissables de Marco. Tout est judicieusement pesé, mis en place afin d'emmener le lecteur là où il doit aller.

Si j'ai en effet été séduite dans l'ensemble, j'ai cependant deviné à peu près tout ce qui allait se passer, chaque petit détail du dénouement. Et étonnamment, cela ne m'a pas dérangée plus que ça. Le fait est que l'auteur joue à fond sur l'émotion, sur la tension, que le dénouement est juste une explosion de sentiments qui laisse le lecteur pantois. L'histoire et prenante et sans temps mort, et le roman se lit d'une traite. Comparé aux Liaisons Dangereuses, le roman est un véritable jeu d'échec sentimental avec son lot de surprises.

Je suis donc ravie d'avoir enfin découvert Stéphane Soutoul, et j'avoue être curieuse de le découvrir dans un genre plus proche de ce que je lis habituellement. Si sa plume et son style m'ont déjà conquise à travers du contemporain, c'est que la qualité est là ! Je remercie l'auteur pour sa confiance, ainsi que Christelle, grâce à qui j'ai pu découvrir ce roman, et enfin les éditions Pygmalion pour l'envoi du livre. Si la lecture d'un thriller sentimental bien écrit et fort en émotions vous tente, La Proie du Papillon devrait vous plaire !

1 commentaire:

  1. Il me tente beaucoup! Surtout que tu sors des sentiers battus et tu apprécies malgré tout, alors je suis d'autant plus curieuse de le découvrir !

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