Stéphane Soutoul
Pygmalion
416 pages - 17€
« Quand une femme frappe dans le coeur d'une autre, elle manque rarement de trouver l'endroit sensible, et la blessure est incurable. » Pierre CHODERLOS DE LACLOS
Pygmalion
416 pages - 17€
« Quand une femme frappe dans le coeur d'une autre, elle manque rarement de trouver l'endroit sensible, et la blessure est incurable. » Pierre CHODERLOS DE LACLOS
Sulfureux. Indécents. Mortels...
Avez-vous déjà entendu parler des Fils d'Éros ? On prétend à mi-voix que ces professionnels de la séduction joueraient avec les sentiments et bouleverseraient la vie de leurs victimes.
Judith de Ringis est une femme d'affaires aussi douée qu'impitoyable. Pour se débarrasser d'une concurrente gênante, elle requiert les services de l'un de ces mercenaires. Marco, dit le Papillon, s'engage à briser sa proie.
Cependant, manipuler les choses de l'amour n'est jamais simple, surtout quand les plus redoutables prédateurs se révèlent, eux aussi, capables d'émotions...
Mon avis :
Avouez, vous êtes plutôt surpris. Je
sais, ce n'est clairement pas mon genre de lecture habituel et je ne
sais pas trop pourquoi je me suis laissée tenter. Enfin, si :
l'acco à la mythologie en moi a vu « Éros » et a tout
de suite soupçonné qu'il y aurait du fantastique... mais ce ne fut
pas du tout le cas. La Proie du Papillon est un « thriller
sentimental » tout ce qu'il y a de plus contemporain. J'ai
arrêté de lire des thrillers parce que je devinais toujours la fin,
et j'ai arrêté de lire du sentimental parce que c'était toujours
soit cucul, soit vulgaire. Poussée par mon amie Christelle, j'ai
voulu donner sa chance à ce roman et à son auteur dont elle m'a
toujours dit le plus grand bien. Je ne vous laisse pas mariner plus
longtemps, j'ai contre toutes attentes passé un très bon moment de
lecture.
La Proie du Papillon, c'est l'histoire
de Judith de Ringis. En clair, Judith est un personnage détestable.
Égocentrique, imbue d'elle-même et surtout sans état d'âme, elle
provoque immédiatement l'antipathie du lecteur. Mais elle est aussi
étrangement fascinante par sa noirceur et sa cruauté, son
intelligence et le rôle qu'elle joue constamment face aux autres
protagonistes qu'elle méprise. En un sens, elle peut provoquer
l'admiration autant que le dégoût. C'est un personnage extrêmement
complet et bien dépeint, qui ne peut laisser indifférent. Pour
elle, la fin justifie toujours les moyens, peu importe les dommages
collatéraux et le sang sur ses mains. Tant que cela ne ternit pas
son image, bien sûr.
Cette chef d'entreprise qui a toujours
réussi en écrasant ses rivaux a cependant une épine dans le pied :
Annie Lauren, une concurrente et connaissance de longue date qui
personnifie tout ce que Judith méprise : la bonté, la
gentillesse, la courageuse maman célibataire... Elle la hait et ne
désire qu'une chose, l'anéantir, et ce dans le sens absolu du
terme. Elle veut qu'il ne reste absolument rien de sa Némésis, et
ce après l'avoir détruite mentalement. Alors, quand elle entend
parler des Fils d’Éros, de cette société secrète de séducteurs
professionnels, l'héroïne y voit l'arme parfaite. Rapidement,
Judith accepte d'employer Marco, un jeune homme à l'aura magnétique
auquel il semble impossible de résister.
Marco est presque un cliché tant il
incarne la perfection au masculin, l'homme mystérieux et
insaisissable, l'arme de séduction absolue. Mais l'auteur a réussi
à vraiment lui donner de la contenance, à en faire un personnage
certes énigmatique, mais intéressant et agréable à suivre. Il
n'est pas « juste » terriblement séduisant, il est aussi
mesuré et intelligent. L'auteur en a vraiment fait l'égal de
Judith, comme dans un jeu de miroir finalement, le même tout en
étant son exact opposé. Et très vite, forcément, une tension
sexuelle s'installe entre les deux protagonistes principaux, alors
même que Marco commence sa mission.
J'ai été conquise assez rapidement
par la plume de l'auteur. Avant de m'en rendre compte, j'ai dépassé
les cent premières pages et ai dû attendre ma compagne de lecture
commune, Christelle donc, alors que je suis toujours celle qu'on
attend ! Stéphane Soutoul. a une écriture très fluide,
percutante et jolie, que j'ai beaucoup appréciée. Quant aux scènes
intimes, elles ont été un véritable soulagement. J'avais presque
oublié qu'on pouvait lire de l'érotique non vulgaire ! Ici,
tout n'est que sensualité, certes explicite par moment, mais tout en
finesse. De plus, nous suivons l'héroïne, Judith, à la première
personne. Il y a toujours quelque chose de très appréciable dans le
fait de voir à travers les yeux d'un vrai « méchant ».
Je pense que ce choix ne fait que renforcer l'espèce de fascination
malsaine qu'elle provoque, tout en accentuant les côtés les plus
insaisissables de Marco. Tout est judicieusement pesé, mis en place
afin d'emmener le lecteur là où il doit aller.
Si j'ai en effet été séduite dans
l'ensemble, j'ai cependant deviné à peu près tout ce qui allait se
passer, chaque petit détail du dénouement. Et étonnamment, cela ne
m'a pas dérangée plus que ça. Le fait est que l'auteur joue à
fond sur l'émotion, sur la tension, que le dénouement est juste une
explosion de sentiments qui laisse le lecteur pantois. L'histoire et
prenante et sans temps mort, et le roman se lit d'une traite. Comparé
aux Liaisons Dangereuses, le roman est un véritable jeu d'échec
sentimental avec son lot de surprises.
Je suis donc ravie d'avoir enfin
découvert Stéphane Soutoul, et j'avoue être curieuse de le
découvrir dans un genre plus proche de ce que je lis habituellement.
Si sa plume et son style m'ont déjà conquise à travers du
contemporain, c'est que la qualité est là ! Je remercie
l'auteur pour sa confiance, ainsi que Christelle, grâce à qui j'ai
pu découvrir ce roman, et enfin les éditions Pygmalion pour l'envoi
du livre. Si la lecture d'un thriller sentimental bien écrit et
fort en émotions vous tente, La Proie du Papillon devrait vous
plaire !
Il me tente beaucoup! Surtout que tu sors des sentiers battus et tu apprécies malgré tout, alors je suis d'autant plus curieuse de le découvrir !
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