Auteur : Patrick Moran
Éditions Mnémos
298 pages – 19€
La Crécerelle a le goût du sang. Mais qui sait pourquoi elle tue ? Pour l’argent, pour le plaisir, ou bien pour servir les puissances de l’outre-monde ?
Éditions Mnémos
298 pages – 19€
La Crécerelle a le goût du sang. Mais qui sait pourquoi elle tue ? Pour l’argent, pour le plaisir, ou bien pour servir les puissances de l’outre-monde ?
Femme du Sud dans les terres du Nord, experte des arts
magiques dans une contrée qui les méprise, la Crécerelle parcourt les
cités-États du désert, semant violence et mort sur son passage. Une question
demeure… combien de temps encore pourra-t-elle supporter cette vie
d’atrocités ?
C’est justement en cherchant à se libérer de l’entité
maléfique qui contrôle sa vie, qu’elle va déclencher une série d’événements
d’ampleur cataclysmique. Une spirale infernale dont, cette fois, elle ne pourra
pas se sortir seule.
La Crécerelle est
un premier roman détonnant, à l’héroïne exceptionnelle et à la mécanique
implacable, qui renverse les clichés du genre en proposant un mélange inventif
d’action, de mystère et d’horreur.
Mon avis :
La Crécerelle est une tueuse. Les morts atroces s’accumulent
sur son passage et sa sinistre réputation la précède. J’ai vu la Crécerelle
comme une artiste talentueuse mais sans passion, qui opérait froidement ses
meurtres avec un certain génie mais qui n’en tirait aucune satisfaction. Car la
Crécerelle est maudite, attachée à une entité de l’Outre-Monde qui l’oblige à
tuer. Mais cette malédiction, elle l’a provoquée. Et c’est en essayant de se détacher
du pacte qui la lie à cette créature qu’elle provoque des catastrophes qu’elle
cherche à résoudre, créant un effet boule de neige ensanglanté. Pourtant, il
est difficile de la plaindre : elle est terriblement antipathique. La Crécerelle
est égoïste et considère sa survie comme primordiale. Froide et calculatrice,
elle ne s’encombre pas de remords et de regrets quant aux vies qu’elle sacrifie
pour atteindre son but.
L’écriture de l’auteur rend la narration presque détachée,
que ce soit lors de descriptions de meurtres terribles ou de scènes horrifiques.
Tout est décrit avec une froide indifférence, comme si nous étions tout aussi désintéressé∙e∙s
que la Crécerelle. Pourtant, je pense que la plume de Patrick Moran et le
background de l’histoire sont les grands points forts du roman. Ce style à la
fois désinvolte et soutenu correspond totalement à la Crécerelle et la sublime,
elle qu’il est si facile de détester. Il nous offre une façon de voir le monde
à travers ses yeux, même si on n’adhère absolument pas à sa façon de penser. Le
background est aussi très bien travaillé, que ce soit à travers les apparitions
de l’entité ou grâce à la magie pratiquée par la Crécerelle. L’ambiance horrifique
fait appel à l’imaginaire connu du genre, mais c’est la magie de la Crécerelle qui
m’a très agréablement surprise : elle utilise l’espace intérieur et l’espace
latéral. L’espace intérieur permet à la Crécerelle d’intervenir sur ce qui l’entoure,
objets inanimés ou humains confondus, au prix de son propre sang. C’est sa magie
principale, celle qu’elle utilise pour tuer. Mais elle maitrise aussi l’espace
latéral, qui permet de manipuler les probabilités en choisissant de remplacer
sa réalité par une autre… mais dont l’utilisation n’est pas très recommandée. On
est sur de la magie très graphique, sombre et utilisée à mauvais escient par un
personnage égocentrique et immoral… Tous les bons ingrédients pour de la dark
fantasy divertissante ! La Crécerelle est la personnification de l’adage « la
fin justifie les moyens » : selon sa froide logique, son but est
louable (pour elle-même) et la vie d’autrui ne vaut pas mieux que la sienne.
J’ai cependant été un peu sortie de ma lecture par les
quelques digressions de l’auteur et l’emploi de termes techniques et métaphysiques
(… Je crois. Je n’en suis même pas sûre !) qui auraient été pardonnables
si éparpillés, mais qui ont vite pris beaucoup d’ampleur. Des notes de bas de pages
auraient rendu la lecture un tout petit peu moins laborieuse. La Crécerelle
reste un bon premier roman de fantasy horrifique bourré de bonnes idées, bien
que terriblement froid. J’ai tout de même apprécié cette histoire torturée et j’ai
hâte de découvrir d’autres romans de Patrick Moran !
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