mardi 25 mars 2014

Chien du Heaume


Auteur : Justine Niogret
Mnémos
222 pages
18,30€

On l'appelle Chien du Heaume parce qu'elle n'a plus ni nom ni passé, juste une hache ornée de serpents à qui elle a confié sa vie. La quête de ses origines la mène sur les terres brumeuses du chevalier Sanglier, qui règne sans partage sur le castel de Broc. Elle y rencontre Regehir, le forgeron à la gueule barrée d'une croix, Iynge, le jeune guerrier à la voix douce, mais aussi des ennemis à la langue fourbe ou à l'épée traîtresse. Comme la Salamandre, cauchemar des hommes de guerre... On l'appelle Chien du Heaume parce qu'à chaque bataille, c'est elle qu'on siffle. Dans l'univers âpre et sans merci du haut Moyen Age, loin de l'image idéalisée que l'on se fait de ces temps cruels, une femme se bat pour retrouver ce qu'elle a de plus cher, son passé et son identité.






Mon avis :

Chien du Heaume est un roman de fantasy des plus singuliers, et je crois n'avoir jamais rien lu qui y ressemble. Écrit comme un conte médiéval, brutal, injuste, cruel et donc réaliste, il nous raconte l'histoire de Chien. Elle a une quête, une seule, la recherche de son vrai nom. Cela vous semble futile, comme quête ? Chien vous convaincra du contraire. Chien est une femme, mais ça ne pourrait être moins important. C'est une mercenaire qui ne se sépare jamais de sa hache, seul vestige de son passé, n'ayant connu que la violence et les combats.

L'ambiance du livre est difficile à définir. On a parfois l'impression d'être en train d'écouter un conteur, lequel fait quelques apparitions dans le roman. D'autres fois, on se trouve avec Chien auprès du feu, à écouter les longs monologues de ses compagnons d'infortunes. D'autres fois encore, la magie intervient subtilement, et disparaît aussitôt. Justine Niogret joue beaucoup sur les ellipses, sur les non dits. Comme si elle nous laissait deviner, ou faire notre choix sur la suite. C'est assez particulier et je pense que ça peut déstabiliser pendant la lecture, mais j'ai personnellement trouvé ça agréable, différent. Parfois doux et calme comme un rêve, d'autres fois brutal et écœurant comme un récit de guerre, Chien du Heaume ne vous laissera, dans tous les cas, pas indifférent.

Le style de l'auteur est lui aussi très particulier, parfaitement en accord avec l'époque du récit. Justine Niogret utilise un vocabulaire et des tournures de phrases travaillés, lesquels suffisent à vous mettre dans l'ambiance. Le tout est cependant très fluide, et l'auteur arrive à faire partager le ressentit de ses personnages d'une façon très particulière. Quand vient l'hiver, Chien s'engraisse auprès du feu, à ne rien faire dans le castel, et j'ai pu vivre son ennui, sa langueur. Et finalement, j'ai mis beaucoup plus de temps à lire ce roman que je ne l'avais cru, le rythme ralentissant tellement jusqu'à l'arrivée du printemps et le retour de l'action. Les personnages de Chien du Heaume sont tous des personnages forts et intéressants. Chien, bien sûr, mais aussi les forts Bruec et Régéhir, le beau Iynge et cette garce de Noalle, tout comme la mystérieuse Salamandre et tous les autres qui arrivent et repartent et ne laissent jamais indifférent.

À la toute fin, après la dernière ligne du premier tome de l'histoire de Chien, vous découvrirez un lexique. Mais pas n'importe lequel, un écrit de la main de la vraie Justine Niogret, jeune femme drôle et exubérante. Rien à voir avec Justine Niogret, auteur de Chien du Heaume, femme mélancolique et bien trop sérieuse. Le contraste est plutôt intéressant et nous fait sourire après une fin qui, personnellement, m'a mis une grosse claque. La deuxième partie du roman et surtout sa fin m'ont bien plus plu que le début, et j'ai dévoré les cent dernières pages alors que j'avais peiné à avancer sur les cent premières.

Il y a donc bien peu d'action dans ce roman, mais ce n'est pas un problème. Il est très bien écrit et surtout, il ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire. J'ai la suite dans ma pile à lire et je ne vais l'y laisser trop longtemps, même si j'ai besoin de faire un break après une lecture si lourde. Je suis assez mitigée et je ne sais pas si j'ai aimé ou non, finalement.



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