lundi 5 juin 2017

Dans la Maison du Ver



Auteur : George R. R. Martin
Éditions Pygmalion
135 pages – 15€

Sous les ruines d’un monde ancien grouille la vie…

Dans une vielle croulante, sur une planète mourante et oubliée de tous, le jeune Annelyn profite de la fête organisée à l’occasion de la nouvelle Mascarade solaire. Superbe dans son costume de soie, son arrogance est à la hauteur de sa beauté.

Quand il est moqué devant ses nobles amis par le Viandard, chasseur de grouns, il échafaude un plan de revanche. Mais la terrible vérité qui se cache derrière l’histoire de son ennemi va transformer sa tentative en une inexorable descente aux enfers...



Mon avis :

Dans la Maison du Ver est une nouvelle de George R. R. Martin, auteur du Trône de Fer, ce monument de la fantasy grim and gritty (ou dark fantasy pour les moins pointilleux) toujours en cours d’écriture. Originalement publiée en 1976 dans le recueil de nouvelles Ides of Tomorrow qui ne contenaient que des contes horrifiques, la nouvelle Dans la Maison du Ver se voit offrir un écrin pour elle toute seule avec une sortie en semi poche chez Pygmalion. Le court roman se pare d’illustrations intérieures minimalistes qui font écho à celle de la couverture et permettent d’accentuer l’immersion du lecteur dans ce labyrinthe angoissant. Le livre en lui-même est très joli, noir avec ses touches dorées et sa couverture sobre mais en adéquation avec le contenu.

Dans la Maison du Ver est donc un conte horrifique qui joue sur le dégoût, la claustrophobie et la peur du noir. Il nous présente une planète peu accueillante où deux peuples cohabitent contre leur gré, s’affrontant et se dévorant mutuellement. Cette lutte quotidienne et générationnelle oppose les Yaga-la-hai, un peuple humain décadent aux mœurs étranges, aux grouns, mystérieuses créatures à six pattes qui évoluent en souterrain, dans l’obscurité la plus totale. En à peine 135 pages, l’auteur nous propose une histoire passionnante et immersive qui nous entraîne à la suite d’Annelyn, un jeune yaga-la-hai qui décide de se venger d’une humiliation en suivant son ennemi dans les souterrains peuplés par les grouns. Une fois encore, l’auteur nous présente des personnages nuancés tout sauf manichéens et Annelyn, le personnage principal, en est un parfait exemple. Son évolution en si peu de pages est très intéressante et, alors que je pensais me désintéresser rapidement de son sort, j’ai fini par me prendre d’affection pour lui et redouter ce que chaque embouchure lui ferait rencontrer. Mais c’est surtout l’ambiance qui est extrêmement bien dépeinte, l’auteur arrive à créer une ambiance morbide et angoissante qui emprisonnera le lecteur dans ce labyrinthe de trous de vers en même temps que les protagonistes. Il fait parfaitement ressentir la peur d’être perdu dans l’obscurité, perdu dans un labyrinthe inhospitalier où se cachent d’effrayantes créatures qui, elles, peuvent voir dans le noir.

J’ai réellement apprécié cette nouvelle très bien construite, très bien rythmée et vraiment passionnante. On y retrouve des idées chères à George R. R. Martin qui sont aussi mises en évidence dans le Trône de Fer : l’illogisme derrières certains cultes, l’absurdité de la guerre ou encore l’absence de manichéisme chez les « bons » comme les « méchants ». Tout est très bien pensé jusqu’à la dernière seconde, avec une morale en demi-teinte qui offre une très bonne fin à cette histoire particulière. Dans la Maison du Ver est une excellente nouvelle qui ne manquera pas de faire frissonner le lecteur claustrophobe !



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