dimanche 7 décembre 2014

Shanoé


Auteur : Lorris Murail
Editions Scrinéo
pages
16,90€


Louise n’est pas une petite fille comme les autres.
Electro-sensible, sa condition la rend allergique à toutes les ondes électromagnétiques. Pas d’internet, pas de téléphone, de télévision, ni même d’ascenseur… Louise est condamnée à vivre loin de toute la modernité de notre époque. Pour préserver sa santé et lui permettre de vivre une vie normale, son père Stan, agent littéraire, et sa mère peintre, décident de partir et d’acheter une propriété à la campagne où les ondes ne passent pas.

Mais le lieu qu’ils viennent d’investir n’est pas un lieu comme les autres, et le passé violent de cet endroit ne va pas tarder à refaire surface… A mesure que Stan plonge dans l’histoire du château, le comportement de sa fille se fait de plus en plus étrange, et il ne sait que penser : est-ce la manifestation de forces surnaturelles, ou la preuve que son enfant sombre lentement dans la folie ?





Mon avis :

J'ai mis très peu de temps à lire Shanoé, mais je ne l'ai finalement pas vraiment apprécié. C'était une lecture très particulière, à la fois passionnante et prenante, qui m'a donné envie d’enchaîner les chapitres, et pourtant très frustrante parce que jamais claire et souvent ambiguë, qui m'a laissé un goût d'inachevé. J'ai d'ailleurs eu beaucoup de mal à écrire cet avis sur le roman, tant il est à part, tant dans sa construction que dans son histoire. Je ressors donc un peu frustrée et mitigée de cette lecture, mais je remercie tout de même les éditions Scrinéo ainsi que Babelio pour l'envoi de ce partenariat.

Louise est électrosensible, EHS même, soit électro-hypersensible, ce qui signifie qu'elle ne supporte aucune onde quelle qu'elle soit. À notre époque, elle n'est en sécurité nulle part et elle vit un calvaire chaque jour. Avec sa mère, artiste, et son père, agent de stars, Louise emménage dans le château du Ruet, un château en pleine « zone blanche » où, inexplicablement, rien ne fonctionne. Dans l'enceinte du château, pas de wifi, pas de réseau, et pour la première fois depuis des années, Louise peut enfin respirer sans craindre de saigner du nez ou de s'évanouir. Mais dans ce château isolé avec un lourd passé, la sensibilité de Louise va attirer des ondes d'un autre genre...

Je suis un peu passée à côté de l'histoire et j'avoue n'avoir pas compris quel en était le fil conducteur, ni même qui en était le personnage principal. Car voilà : Shanoé est le prénom d'une jeune égyptienne ayant vécu bien avant notre époque. Et l'on rencontre Shanoé à travers des lignes écrites dans une police imitant l'écriture manuscrite, posées sur des pages à carreaux, comme celles d'un cahier. Ces lignes, que l'on découvre à chaque fin de chapitres, sont sombres, tranchantes, écrites à la première personne. Plus on avance, plus les scènes décrites sont noires, effrayantes et perturbantes. Mais Shanoé n'est pas l’héroïne de l'histoire, elle n'est pas vraiment là...

Alors est-ce Louise, l’héroïne ? Je ne saurais vous dire. C'est par elle qu'on découvre le château et son histoire, c'est à cause d'elle que tous les autres protagonistes s'y retrouvent... Mais elle est vraiment absente. Non pas dans le sens où elle n’apparaît pas dans le récit, mais j'ai trouvé son personnage peu travaillé, peu nuancé et finalement peu intéressant. Louise semble n'être qu'une excuse pour placer le lieux de l'action. Ses parents m'ont semblé bien plus présents et consistants mais malheureusement, je les ai trouvé très antipathiques. Sa mère se prend pour un de ces artistes maudits qui peignent des tableaux qui ne veulent rien dire et elle néglige sa fille pour privilégier son art, alors que son père a la mentalité d'un adolescent capricieux et, s'il s'est donné bonne conscience en mettant sa fille à l'abri, il ne peut s'empêcher de lui en vouloir de l'éloigner du bling bling de son travail.

J'ai donc eu beaucoup de mal à m'identifier et à m'attacher aux personnages, étant finalement plus intéressée par les rares passages concernant Shanoé, attendant patiemment l'explication sur le lien qui l'unissait à Louise. Mais tout reste flou jusqu'à une fin qui tombe comme un cheveu sur la soupe, offrant une action très fouillis, rapide et sans queue ni tête qui nous laisse complétement en dehors de l'action. Le lecteur est abandonné à ses conclusions, et aucune question ne trouve de réponse.

C'est un de ces romans très ouverts qui vous laissent à vos propres conclusions, qui vous donnent un peu trop le choix entre réaliste et fantastique. Personnellement, ça m'a déçu, même si je suis loin d'être contre une fin ouverte, ici j'ai trouvé que c'était un peu trop juste et assez mal géré. Je ne n'étais pas dans l'état d'esprit dont je ressors habituellement de ce genre de lecture, à continuer à réfléchir, à me poser des questions, à prendre plaisir à envisager une fin ou une autre. Ici, j'ai l'impression de ne pas avoir terminé le livre ou d'avoir sauté des pages

Il y avait pourtant beaucoup de bonnes choses, dans ce roman ! La maladie de Louise et sa sensibilité exacerbée, le lieu de l'action et son passé trouble, l'histoire de Shanoé, le coté fantastique que celle-ci apportait et son lien avec Louise... Et pourtant, j'ai l'impression que tout a été abandonné en cours de route. Et c'est ce que je retiens du roman, ce gout d'inachevé.

Aussi, est-ce bien un roman adressé à la jeunesse ? Louise ne réagit pas comme une jeune fille de son age, les questions posées et la façon dont est géré le récit me semblent bien loin de ce qui s'adresse habituellement à la jeunesse et je ne suis pas sure que ce lectorat y trouve son compte. De plus, certaines scènes décrites par Shanoé pourrait vraiment perturber de jeunes lecteurs

Vous l'aurez compris, Shanoé est loin d'avoir été un coup de cœur. J'aimerais cependant découvrir Lorris Murail autrement,  j'ai apprécié son style et j'ai bien envie de retenter le coup avec d'autres écrits de l'auteur. Et je remercie encore une fois Babelio et les éditions Scrinéo pour ce partenariat !